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Un cri du peuple
7 septembre 2021

Vies de quartiers - XXVIII. Arthur II

« J'ai reçu Monsieur Salvi quelques fois à mon bureau mais je voyais surtout sa femme pour des aides ponctuelles : pour le logement, pour payer la cantine des enfants et surtout en lien avec ma collègue de l'aide sociale à l'enfance pour un accompagnement à la parentalité. On avait constaté des difficultés éducatives concernant les quatre enfants ; les deux plus grands étaient livrés à eux-mêmes depuis de nombreuses années avec un suivi de l’éducatrice de la PJJ qui ne pouvait pas faire grand-chose puisqu’il n'y avait eu qu’une condamnation pour un vol de vélo. Féline était au contraire bien trop en avance sur son âge quant à la sexualité et le collège a transmis plusieurs informations préoccupantes à ce propos et Rocket, le petit, semblait présenter des troubles du comportement surtout au niveau de l'attention et d'une forme d'hyper-activité.

« Nous avons pu faire état de coups sur les corps de Féline et de Rocket sans pouvoir affirmer ou infirmer que les blessures étaient du fait des parents ou d'un tiers. Ces constats ont été évidemment faits en lien avec le médecin du service social départemental qui a examiné les enfants à plusieurs reprises à notre demande.

« À noter que les parents ont toujours été coopératifs quant au suivi de la santé de leurs enfants par le service.

« En lien avec ma collègue assistante de service social du collège, il apparaît évident que Féline n'est pas adaptée à une vie sociale normale dans un collège classique ce qui n'altère en rien ses capacités cognitives selon le psychologue de l'éducation nationale qui met en avant une enfance parsemée de traumatismes au pire, de perturbations importantes au mieux, affaiblissant de manière importante ses capacités d'adaptation à toute forme de collectivité notamment – mais pas uniquement – sur le plan sexuel même si Féline ne mentionne pas de maltraitance à ce propos.

« J'ai demandé à un psychologue de l'éducation nationale intervenant en école élémentaire de rencontrer Rocket. Il en est arrivé aux même conclusions que pour sa grande sœur, la déviance sexuelle en moins.

« Des difficultés au niveau de la relation du couple n'étaient pas inconnues du service. Madame a régulièrement subi des violences des menaces et des relations sexuelles non-consenties. Madame n'a jamais parlé de viol mais disait que c'était normal, qu'un homme a le droit de baiser sa meuf quand il veut, ce sont ses mots. Nous avons souvent essayé de la sensibiliser sur le libre arbitre de chacun et sur l'égalité homme-femme, le consentement sexuel. Malheureusement en vain, Madame restant campée sur ses positions et ne voyant pas de problème dans sa relation avec Monsieur Salvi.

« J'ai conscience que mon témoignage ressemble à un rapport écrit, déformation professionnelle oblige, veuillez m'en excuser. Je suis à votre disposition mais je ne pourrai rien vous apporter concernant les faits reprochés à ces messieurs.

La Présidente du tribunal prend la parole.

    • Quelle est votre impression quant à l'éducation des enfants de Monsieur et Madame Salvi ?

    • Pour moi, c'est triste mais je ne vois pas le rapport avec les faits. Le fait qu'il y ait des carences éducatives n'innocente pas Monsieur Salvi mais ne l'incrimine pas non plus puisque les faits ne sont pas de même nature.

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